mardi 26 août 2025

Lean : comment le système Toyota s’est diffusé… et parfois déformé

AlpFlow structure vos méthodes sur le terrain chambérien.
« Traduttore, traditore » – Traduire, c’est trahir. Taiichi Ohno, père du Toyota Production System (TPS), craignait déjà qu’en mettant son système par écrit, il perde son essence. Le temps lui a donné raison : en se diffusant mondialement, le TPS est devenu « Lean » – souvent simplifié, parfois mal appliqué.

1. Des ateliers Toyota aux premières publications (1977-1984)

En 1977, l’article de Sugimori et al. définit le TPS comme l’alliance du Just-In-Time et du Respect for Human.
En 1981, Shigeo Shingo publie A Study of the Toyota Production System, référence qui ouvre la voie aux premiers consultants étrangers. Ces premiers textes posent les bases… et commencent déjà à transformer la pensée d’Ohno.

2. NUMMI : la preuve par l’exemple

En 1984, Toyota s’allie avec General Motors pour créer l’usine NUMMI (Californie). Pari audacieux : réembaucher 85% des anciens ouvriers d’une usine Fremont fermée, minée par les conflits sociaux.

Au départ, la défiance est grande : mot d’ordre « cadence forcée ». Mais un an plus tard, NUMMI devient l’usine la plus productive et qualitative de GM.
Ce qui change tout : Toyota ne licencie pas lors des creux, mais affecte les employés à des équipes kaizen. Ce geste fonde la confiance. Pour la première fois, les Américains voient que le TPS repose autant sur les personnes que sur le flux.

3. Quand le TPS devient « Lean »

En 1990, le MIT publie The Machine That Changed the World et invente le terme Lean Production. « Lean » vient d’une traduction approximative du mot japonais genryou (« maigrir » / « améliorer »).

Le mot frappe les esprits, accélère la diffusion… mais installe un contresens. Réduit à « faire plus avec moins », le Lean apparaît comme une chasse aux coûts. L’esprit Toyota – apprentissage collectif et respect des hommes – se dilue.

4. Une vague mondiale

Dans les années 1990-2000, le Lean sort des usines japonaises pour conquérir l’ensemble des secteurs : automobile, logistique, distribution, textile, restauration.
Des géants comme Nike y trouvent un levier de compétitivité ; des PME mettent en place des pratiques simples (Kanban, 5S). Toyota elle-même organise visites et partages, jusqu’à former ses concurrents.

Le succès est réel… quand la culture d’organisation suit. Mais la plupart s’arrêtent à la partie visible : les outils.

Les malentendus fréquents

Avec la mondialisation du Lean, plusieurs erreurs reviennent souvent :

  • « Lean = boîte à outils » → En réalité, les outils sont la traduction visible d’un système de management.
  • « Lean = réduction de coûts » → Chez Toyota, l’emploi est protégé. Le long terme prévaut.
  • « Copier-coller » → Chaque pratique naît d’un contexte particulier. Hors adaptation, retour rapide en arrière.
  • « Confier aux consultants » → Le TPS se transmet en interne, par le coaching et l’expérimentation au gemba.

Résultat : des déploiements superficiels, rejetés ou abandonnés une fois les premiers gains épuisés.

Les leçons pour dirigeants

À retenir pour toute entreprise voulant (ré)introduire du Lean :

  1. Commencez par la culture : pas de plan crédible si le court terme prime sur la confiance.
  2. Apprenez en faisant : un projet pilote, concret, vaut mieux qu’un plan global abstrait.
  3. Mesurez autrement : privilégiez qualité, délais, engagement – pas l’occupation machine.
  4. Protégez vos équipes : pas de Lean crédible avec des licenciements en toile de fond.
  5. Adaptez, ne copiez pas : servez-vous des principes pour résoudre vos problèmes réels.

Le Lean n’est pas une méthode miracle, mais un système d’apprentissage progressif.

S’inspirer pour agir ici et maintenant

Dans une PME industrielle en Savoie, « adapter » signifie avant tout :

  • Aller observer le flux réel (gemba),
  • Identifier les blocages avec les équipes,
  • Mettre en place un outil simple (VSM, Kanban, 5S) adapté à votre réalité,
  • S’en servir pour progresser, pas pour contraindre.

Chez Alp’Flow, c’est exactement ce que nous faisons : démarrer avec les irritants du quotidien, travailler aux côtés des équipes, montrer comment l’intelligence collective peut éliminer du gaspillage – sans dénaturer la culture de l’entreprise.

Conclusion : écrivez votre propre Lean

L’histoire le prouve : le Lean n’a jamais été un kit à copier, mais une discipline vivante.
Les entreprises qui réussissent sont celles qui l’intègrent à leur culture, pas celles qui collent un tableau Kanban sur un mur.

👉 Et vous, souhaitez-vous voir comment ces principes peuvent s’appliquer dans votre usine, avec vos contraintes et vos équipes ? Je vous invite à prendre directement contact avec Alp’Flow pour construire ensemble vos premières pistes de performance durable.